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Comment adapter et améliorer la prise en charge des personnes âgées vivant avec le VIH au sein du COREVIH : le rôle de l’ETP

C. Allavena et P. Malo


Combien de nos patients, quand ils ont appris leur séropositivité, pensaient qu’ils seraient un jour septuagénaires, et même octogénaires ? En 2018, en France, 24% des hommes et 17% des femmes vivant avec le VIH avaient plus de 60 ans. Ces pourcentages vont doubler en 2030 avec respectivement, 47 % et 36 %, (Marty, CROI 2022, poster PESUC20).

Grâce aux traitements antirétroviraux actuels puissants, bien tolérés et simples d’administration, l’espérance de vie est proche, mais pas encore comparable à celle de la population générale (Legarth RA, et al. J Acquir Immune Defic Syndr. 2016;71:213-218).  

Les comorbidités sont nombreuses et  pour la plupart plus fréquentes que dans la population générale (Palella FJ et al. AIDS 201). Les causes sont multiples : la longue durée d’infection VIH et l’exposition aux antirétroviraux de première génération, toxiques et peu puissants, les facteurs de risque traditionnels tels que le tabagisme, la consommation excessive d’alcool ou de drogues mais également des conditions socio-démographiques défavorisées avec une fréquence élevée de personnes isolées et en situation précaire. 

Aujourd’hui, la prise en charge des personnes âgées vivant avec le VIHdoit évoluer et s’adapter aux problématiques gériatriques. Il ne s’agit plus de dépister, diagnostiquer, traiter, surveiller les comorbidités les unes indépendamment des autres. Il est nécessaire d’accompagner ces personnes dans un vieillissement en bonne santé, que l'OMS définit  comme « le processus de développement et de maintien des aptitudes fonctionnelles qui favorise le bien-être pendant la vieillesse » ( https://apps.who.int › WHA73 › A73_INF2-fr mai 2020).

Il faut anticiper, éviter ou au moins ralentir la perte d’autonomie avec une vision holistique de la prise en charge. Pour cela nous devons avoir les capacités d’identifier les personnes fragiles. La fragilité reflète une diminution des capacités physiologiques de réserve qui altère les mécanismes d’adaptation au stress. Son expression clinique est modulée à la fois par les comorbidités mais également par des facteurs psychologiques, sociaux, économiques et comportementaux.  L’âge est un déterminant majeur de fragilité mais n’explique pas à lui seul ce syndrome (Rolland Y Geriatr Psychol NeuroPsy Vieil. Fevr 2012). Une étude récente a montré que 13,5 % des personnes vivant avec le VIH (PvVIH) de 70 ans et plus sont fragiles et que 60.5 % sont pré-fragiles (Allavena C AIDS 2022)

Il faut dès maintenant faire évoluer la prise en charge des PvVIH âgées pour anticiper, éviter ou au moins ralentir leur perte d’autonomie.

Dépister les personnes fragiles est la première étape. Cela doit se faire dans nos services, au cours de la consultation avec le médecin ou au cours d’une séance ETP. Il faut travailler en particulier sur les facteurs d’isolement sociaux, d’activité physique et de nutrition. Il faut être plus attentif aux capacités physiques des personnes, aux risques de syndrome gériatrique, aux troubles cognitifs, à l’environnement socio-économique, à la co-médication, à la dépression, à la survenue de chutes, pas forcément graves, mais répétées, aux troubles de la vision ou audition, les troubles de la continence …

Que pouvons-nous mettre en place dès aujourd’hui ?

Il faut créer des liens avec les services de gériatrie.

Pour nous aider à identifier les patients qui pourraient bénéficier d’un avis gériatrique, nous avons travaillé avec Typhaine Riaudel (Gériatre au CHU de Nantes), Charline Garnier (neuropsychologue dans l’unité VIH de LRSY et en gériatrie à Nantes) sur une fiche de screening à proposer une fois par an à tous les PvVIH âgés de 70 ans et plus.

Une fois par mois, une consultation gériatrique et une consultation neuro-psychologique (bilan mémoire) sont assurées dans le service d’infectiologie à Nantes par le Dr Riaudel et Charline Garnier. Ainsi les patients qui ont une indication de bilan mémoire et/ou d’avis gériatrique ont moins de réticence à accepter ces consultations car ils connaissent déjà le service. 

Pour que tous les centres du Corevih puissent bénéficier d’un avis pour les patients les plus âgés, le COREVIH organise un staff Géronto-VIH en visio tous les 2 mois auquel participe un gériatre, un pharmacologue, un virologue et des médecins VIH. En savoir +


 L’ETP a une place importante dans cette prise en charge.

L’ETP a une approche globale de la personne. Il peut être un bon relais pour approfondir la vie quotidienne et les difficultés survenues. L’ETP peut lors des diagnostics éducatifs poser systématiquement des questions sur l’isolement social, les troubles ressentis, les changements dans les habitudes de vie, les évènements survenus dans les derniers mois (chutes, mémoire, langage…). Elle peut par exemple orienter le public plus souvent vers des activités physiques adaptées ou de proximité ; proposer des conseils pratiques sur la prévention des chutes ou sur la préparation des repas et l’équilibre alimentaire

L’ETP peut, comme les autres acteurs du service, jouer un rôle de détection des fragilités et orienter vers des ressources pour améliorer la prise en charge de cette population et leur éviter de tomber dans la dépendance.

Retrouvez sur le site du COREVIH Pays de la Loire les pages ETP dédiées aux patients et  aux professionnels


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